personnages Antigone

Antigone

Antigone est le personnage clé de la pièce . Dès le prologue, règne autour d'elle un sentiment de
fatalité, de destin inéluctable – "Elle aurait bien aimé vivre Mais il n’y a rien a faire. Elle s’appelle
Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout."
Dès le début, Antigone s'oppose à sa soeur Ismène, qui incarne son contraire. Antigone, c'est "la
maigre jeune fille moiraude et renfermée", tandis que sa soeur "la blonde, la belle, l'heureuse Ismène"
a les traits de l'héroïne parfaite.
Antigone est déterminée et mystérieuse. On apprend aussi qu'elle elle est "hypocrite", a un "sale
caractère, qu'elle est "la sale bête, l'entêtée, la mauvaise". Au contraire, Ismène semble disposer de
tous les atouts, mais malgré cela, c'est Antigone qui fascine : "Pas belle comme nous, lui dit sa soeur,
mais autrement. Tu sais bien que c'est sur toi que se retournent les petits voyous dans la rue ; que
c'est toi que les petites filles regardent passer, soudain muettes sans pouvoir te quitter des yeux
jusqu'à ce que tu aies tourné le coin."; C'est Antigone également qui séduit Hémon : elle se révèle à la
fois sensuelle lors de la scène avec son fiancé, et sensible lors de ses discussions avec la Nourrice.
Antigone a une personnalité que Créon n'hésite pas à qualifier d'orgueilleuse. Elle possède en elle une
force qui la pousse à aller où les autres ne vont pas, à refuser la facilité : "Qu'est-ce que vous voulez que
cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire
"non" encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge."
Elle revendique sa propre liberté et affirme : mon acte, c'est "pour personne. Pour moi.". Elle exprime
aussi une volonté, une détermination indépendante aux pressions extérieures.
Mais cette liberté a un prix . Face à la mort, Antigone prend conscience de sa solitude, elle murmure :
"toute seule" et elle répète "Je suis toute seule." Pour vaincre cette solitude, elle cherche refuge
dans l’amour. Lors de sa dernière scène, face à un garde ignorant, grossier et
odieux, elle souhaite écrire à Hémon " Oui. Pardon, mon chéri. Sans la petite
Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t'aime…. " Ce sera son dernier
message.

Créon

Le roi de Thèbes est un souverain besogneux et consciencieux, le contraire d'un ambitieux : "son oncle,
qui est le roi", "il a des rides, il est fatigué", "
Créon ressemble par certains côtés aux gardes qu'il commande. "Thèbes a droit maintenant à un
prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai mes deux pieds sur terre,
mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition
que ton père, de m'employer tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si
c'est possible."
Personnage sans originalité, sans audace, il semble usé et résigné. Il a eu par le passé des idéaux, mais
ceux-ci ont été balayés, peut-être par le fait qu'à la différence d'Antigone, il n'ait pas rencontré son
destin : "J'écoutais du fond du temps un petit Créon maigre et pâle comme toi et qui ne pensait qu'à
tout donner lui aussi..."
Durant la scène capitale avec Antigone, il montre tout d'abord une figure paternelle et bienveillante et
cherche à sauver sa nièce : "je te comprends, j'aurais fait comme toi à vingt ans. C'est pour cela que je
buvais tes paroles..." Puis devant l'obstination d'Antigone, il met en avant ses imperfections, lui qui
n'est pas un héros, mais seulement un "ouvrier" du pouvoir , pour justifier la condamnation à mort
d'Antigone.

Ismène

Ismène sert à définir, par contraste, Antigone. Elle "bavarde et rit", "la blonde, la belle" Ismène
possède le "goût de la danse et des jeux ... du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi", elle est
"bien plus belle qu'Antigone", est "éblouissante", avec "ses bouclettes et ses rubans", "Ismène est rose
et dorée comme un fruit".
Tout semble opposer ces deux soeurs : Ismène, la réfléchie et la prudente, Antigone, la passionnée et
l'audacieuse; Ismène qui a soif de vie et de bonheur, Antigone, l'héroïne, qui n'a pas peur de mourir ;
Ismène , "la blonde, la belle" , Antigone "la maigre jeune fille moiraude et renfermée"
Mais Antigone "sa soeur" possède une qualité indomptable qui lui manque : Ismène n'a pas cette force
surhumaine, elle est disposée au compromis jusqu'à la lâcheté. Elle aura toutefois une réaction
émouvante à la fin de la pièce et voudra lier son destin à celui d'Antigone : "Antigone, pardon !
Antigone, tu vois, je viens, j'ai du courage. J'irai maintenant avec toi ... Si vous la faites mourir, il
faudra me faire mourir avec elle ! ... Je ne peux pas vivre si tu meurs, je ne veux pas rester sans toi !"
. Mais Antigone refusera avec mépris : "Ah ! non. Pas maintenant. Pas toi ! C'est moi, c'est moi seule.
Tu ne te figures pas que tu vas venir mourir avec moi maintenant. Ce serait trop facile ! ... Tu as
choisi la vie et moi la mort. Laisse-moi maintenant avec tes jérémiades."

Hémon

C'est le fils de Créon. Le "jeune homme", "fiancé d'Antigone" n'apparaît que deux fois. Il est fasciné par
Antigone "Oui, Antigone" et révolté contre son père Créon. Il fait preuve de beaucoup de candeur et
semble avoir peur de grandir et de regarder les choses en face : "Père, ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas
toi, ce n'est pas aujourd'hui ! Nous ne sommes pas tous les deux au pied de ce mur où il faut
seulement dire oui. Tu es encore puissant, toi, comme lorsque j'étais petit. Ah ! Je t'en supplie, père,
que je t'admire, que je t'admire encore ! Je suis trop seul et le monde est trop nu si je ne peux plus
t'admirer."

Eurydice

L'épouse de Créon, la mère d'Hémon. C'est "la vieille dame qui tricote", la "femme de Créon", "elle est
bonne, digne, aimante", mais "Elle ne lui est d'aucun secours"

Le Page

Il accompagne Créon dans plusieurs scènes, et souligne la solitude du souverain. Il représente
l'innocence émouvante, le symbole vivant du paradis perdu de l'enfance. Il voit tout mais ne saisit pas
l'importance de la situation. Il n'est d'aucun secours pour Créon , juste une oreille silencieuse. Il rêve,
un jour, de devenir grand :
Créon : Ce qu'il faudrait, c'est ne jamais savoir. Il te tarde d'être grand, toi ?
Le Page : Oh oui, Monsieur

La Nourrice

Personnage traditionnel du théâtre grec, la Nourrice n'existait pourtant pas dans la pièce de Sophocle;
c'est une création d'Anouilh. Elle est la vieille femme, affectueuse et vigilante, la "nounou"
réconfortante, qui a du mal à comprendre le dessein d'Antigone : "Tu te moques de moi, alors ? Tu
vois, je suis trop vieille. Tu étais ma préférée, malgré ton sale caractère."

Le Messager

C'est un "garçon pâle ... solitaire". Le messager est un personnage typique du théâtre grec, il apparaît
déjà dans la pièce de Sophocle. Dès le Prologue, il montre sa tristesse : "C'est lui qui viendra annoncer
la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux
autres. Il sait déjà... " . A la fin de la pièce , il vient annoncer avec mille détails la mort d'Hémon.

Le choeur

Le choeur joue, comme dans la tragédie grecque, un rôle de commentateur : "Et
voilà. Maintenant le ressort est bandé. Cela n'a plus qu'à se dérouler tout seul..." et
de messager. C'est le choeur qui tire également la leçon morale du drame "Et voilà.
Sans la petite Antigone, c'est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Mais
maintenant, c'est fini. Ils sont tout de même tranquilles. Tous ceux qui avaient à
mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose, et puis ceux qui croyaient le
contraire même ceux qui ne croyaient rien et qui se sont trouvés pris dans l'histoire
sans y rien comprendre. Morts pareils, tous, bien raides, bien inutiles, bien pourris. Et
ceux qui vivent encore vont commencer tout doucement à les oublier et à confondre
leurs noms. C'est fini. Antigone est calmée, maintenant, nous ne saurons jamais de
quelle fièvre. Son devoir lui est remis. Un grand apaisement triste tombe sur Thèbes
et sur le palais vide où Créon va commencer à attendre la mort. "

Les gardes

Ce sont " trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes", "ce ne sont pas de mauvais bougres", "ils
sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination". Ils sont mesquins,
vulgaires, et ne semblent avoir comme seul objectif de ne pas contrarier leur hiérarchie : "Pas
d'histoires !". Ils sont au service de Créon , non par fidélité personnelle, mais par obéissance au
monarque en place . Il soulignent son isolement. Ils ne se sentent nullement concernés par la tragédie
qui se déroule devant eux. A la fin, lorsque le rideau tombe, "il ne reste plus que les gardes. Eux, tout
ça, cela leur est égal; c'est pas leurs oignons. Ils continuent à jouer aux cartes…"

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