Le dernier jour d’un condamné : Des personnages indifférents à la souffrance du condamné

Par l’intermédiaire de ses représentants, la société se montre indifférente à son sort :

a) Le président du jury est « calme ».

b) Les jurés sont « blêmes et abattus » mais c’est à cause de la fatigue due à la longue délibération.
Quelques-uns baillent. Tous ont « une grande envie de dormir ».

c) Un jeune assesseur s’entretient « presque gaiement » avec « une jolie dame en chapeau rose ».

d) L’avocat de la défense vient de « déjeuner copieusement et de bon appétit ».

e) L’huissier (qui l’accompagne à la Conciergerie) est plus préoccupé par « la perte de son tabac »
que compatissant. Il reproche même au condamné d’être triste.

f) Le bourreau ne se soucie que de ses problèmes techniques : il craint que la pluie ne rouille le mécanisme de la guillotine.

g) Le geôlier est « gentil » quand il emmène le condamné dans une autre cellule, mais le narrateur pense: « Les égards du geôlier sentent l’échafaud ».

h) Le directeur est gentil, mais cette gentillesse est intolérable quand il informe le condamné que c’est “ pour aujourd’hui ” et qu’il lui demande « en quoi il pourrait (lui) être agréable ou utile ».

Le dernier jour d’un condamné : Les personnages

1) Le condamné : on ne sait pas quel crime il a commis. Pourtant, il n’est pas perçu comme un monstre ; il vit atrocement l’attente de son exécution. Il a très peur et il voudrait être sauvé par la grâce du roi, mais il sait que cela est impossible. Il semble s’être repenti pour ce qu’il a fait. Il est jeune, sain et fort. Il a une bonne éducation. Il dit que pour lui le temps passe plus vite que pour les autres. Il n’aime pas la foule et il ne l’aimera jamais et lui-même n’a jamais aimé voir tuer un condamné à mort. Il aime sa fille Marie et il est très préoccupé pour son avenir.

2) Les représentants de la société : juges, magistrats, directeur de la prison représentent la société. Pour eux, une exécution est une chose banale qui doit se dérouler dans les formes.

3) Le prêtre : Il est détaché dans ses rencontres avec le condamné. Selon le protagoniste, ce prêtre ne parle par avec son Coeur, mais dit seulement de façon machinale ce qu’il dit habituellement avec les condamnés.

4) Les geôliers : Quelques uns sont gentils avec lui ; d’autres ne le sont pas. Il y a des geôliers qui parlent avec lui et lui demandent beaucoup de choses et d’autres qui le traitent comme un animal.

5) Marie : fille du condamné, elle a trois ans ; son père lui voue un amour absolu ; mais elle ne reconnaît pas son père dans ce barbu qui l’embrasse. Elle est persuadée que son père est mort.

6) La foule : compatissante et cruelle à la fois, elle assiste à une exécution capitale comme à un spectacle. C’est la société qui veut voir tuer cet homme. La foule est très nombreuse. Elle ne veut pas la justice ; elle veut assister à un spectacle : celui de l’exécution de la peine capitale par la guillotine.

7) Sa femme et sa mère : Elles ne sont pas décrites ; mais elles sont citées en référence à la souffrance, à la peine indirecte que l’on fait subir aux membres de la famille du condamné à mort : "J’admets que je sois justement puni ; ces innocentes qu’ont-elles fait ? N’importe ; on les déshonore, on les ruine. C’est la justice." (Chapitre IX)

Analyse du prologue de Jean Anouilh

I. Le décor :

1) -Grâce à quoi le connaît-on ?

On le connaît par les didascalies.

2) -Caractérisez-le.

Il est simple, neutre, impersonnel, de peu d’importance.

3) -Quel en est l’intérêt ?

Il amène ainsi le spectateur à concentrer son attention sur les personnages.

II. Le Prologue :

1) Qui parle ? Est-il un personnage de l’intrigue ?

Le Prologue prend la parole, mais il n’est pas personnage de l’intrigue.

2) Quel est son rôle ?

Il présente les personnages dans un long monologue. Il est omniscient puisqu’il sait tout d’avance, voit tout, rappelle ce qui s’est passé auparavant.

3) A qui s’adresse-t-il ?

Il s’adresse directement au public, en utilisant le vocabulaire du jeu théâtral : « jouer, rideau levé, son rôle »

4) Quel est l’effet produit ?

Cela permet de comprendre les personnages, leur statut, leurs pensées. Il casse les conventions théâtrales et crée ainsi une étrangeté, une distance, un artifice.

5) Quel est son niveau de langue ?

Le niveau de langue est simple et familier. Il marque la volonté de nous surprendre.
6) Relevez et les termes qui permettent de présenter les personnages. Quelle est l’impression produite ?

Antigone est petite, maigre, noiraude : fragile sensible, triste.

Ismène est la blonde, la belle, l’heureuse.

7) Y a-t-il un ton dominant ? Expliquez et donnez des exemples.

Le ton est à la fois tragique et familier : cela provoque des ruptures inattendues qui attirent notre attention, car le tragique est mêlé à la vie quotidienne.

8) Relevez les anachronismes. Quel est leur rôle ?

« Les belles reliures, les petits antiquaires », « comme un ouvrier », « vieille dame qui tricote », « jouent aux cartes », « l’ail, le cuir, le vin rouge ». Ils nous rendent les personnages plus proches, plus familiers.

la boîte à merveilles : Vocabulaire souvenir

VERBES : se souvenir de quelque chose ; se rappeler quelque chose ; se remémorer quelque chose.

Acquisition du souvenir : graver un souvenir ; imprimer dans l’esprit ; conserver en mémoire.

Garde du souvenir : perpétuer le souvenir de ; raviver la mémoire ; rappeler un souvenir ; évoquer.

ADJECTIFS : souvenir précis/souvenir confus/souvenir vague ; souvenir mémorable.

 LEXIQUE  (NOMS) : mémoire ; souvenir ; chose mémorable ; mémoire fidèle, mémoire fraîche ; évocation.

 Le cadre spatio-temporel L’enfance :

 Lié à l’identité et au caractère des jeunes

Enfants : Fils, fille de ; enfant unique ; fille, garçon ; petit(e) ; seul.

Éducation : stricte, sévère / tolérante, indulgente/ laxiste. Enfant terrible ; enfant gâté ; enfant sage.

Jeux : Enfantillage ; amusement….

 L’école : les copains, les leçons, les instituteurs, le fqih, les camarades.

 La maison : les lieux privés (chambres, salle de bain) ; les lieux sociaux (la salle à manger, la cuisine, les repas).

 La famille : oncle, tante, père, mère…

Les cinq sens (bruits, odeurs, vue, toucher, goût)

Dans le passé : il y avait ; il y a longtemps ; quand j’avais….ans ; depuis tout petit ; j’ai toujours eu …. ; Tendres années, temps de l’innocence. ; Jeunes années.

Les sentiments liés au souvenir 

Souvenirs négatifs : Les regrets ; la nostalgie ; mélancolique ; amertume ; goût amer.

Souvenirs positifs : émouvoir ; remuer ; aller au coeur, attendrir ; faire vibrer ; captiver ; fasciner.

Le dernier jour d’un condamné : Le genre de l’oeuvre

I. Pourquoi ne peut-on pas parler d’un journal intime ?

Le journal intime est caractérisé par les points suivants :

a) Le Journal intime. est daté : heure, jour, mois et année. Ici, seul est mentionné le lieu de l’écriture. On ignore même le jour où a lieu l’exécution.
b) Dans un Journal intime, il y a identité absolue entre l’auteur (= la personne réelle qui écrit le livre) et le narrateur (= celui qui raconte) Ici, l’auteur est Victor Hugo et le narrateur qui dit « je » est un condamné à mort fictif. On ne peut donc les confondre. Il s’agit donc plutôt d’un pseudo-journal relevant de la fiction.

II. Pourquoi ne peut-on pas parler d’une autobiographie ?

-L’autobiographie est caractérisée par les points suivants :

** Une autobiographie est un « récit rétrospectif en prose qu’une personne fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité ».
a) Le dernier jour d’un condamné est bien un récit, mais il n’est pas rétrospectif : pour l’essentiel, il n’est pas rédigé au passé, mais au présent de l’indicatif.
b) Le « je » ne renvoie pas à une personne réelle.
c) Le récit ne porte pas sur toute l’existence, mais sur les derniers jours qui précèdent sa mort
d) La personnalité du narrateur reste enfin énigmatique : on ne connaît ni son nom, ni son âge, ni pourquoi il a tué, ni qui il a tué.

III. Un roman, oui, mais un roman à part

a) Un héros inventé de toutes pièces.
b) Une situation exceptionnelle : l’attente d’un supplice.
c) Un artifice romanesque : comment un condamné aurait-il la possibilité matérielle et la lucidité d’esprit pour noter ses réactions ?
d) Des éléments fantastiques (les visions du condamné, ses hallucinations)

IV. Un monologue intérieur

a) Étrange monologue puisqu’il s’agit d’une production écrite. (or le monologue fait partie de l’univers du théâtre)
b) Or son écriture mime le langage parlé : chez lui, tout est CRI.
c) Enfin, le point de vue adopté est toujours le sien. Un narrateur qui s’adresse à lui-même.
** Au cours de l’écriture, le condamné se rend progressivement compte de sa solitude absolue et de l’inutilité d’écrire pour autrui.
** De plus, les destinataires possibles sont éliminés un par un.
** En fait, il n’écrit depuis le début que pour lui-même, mais cela, il ne le découvre qu’à la fin : « pourquoi n‘essaierai-je pas de me dire à moi-même tout ce que j’éprouve… ».

V. l’expression écrite d’un style parlé

a) Il s’ouvre sur un cri : « condamné à mort » et se clôt sur un autre « Quatre heures ».
b) À l’intérieur de cette boucle résonnent les échos de ses terreurs, de ses souffrances, de ses dialogues avec lui-même.
c) L’insertion de l’argot dans le récit donne au texte des allures de langue parlée.

Le symbolisme dans la boite à mérveilles

I. Une boîte pour les objets.

La Boîte à Merveilles est une boîte ordinaire contenant des objets ordinaires. Des objets hétéroclites, en matière transparente, en métal, en nacre. Un bouton de porcelaine, des boules de verres, des anneaux de cuivres, un minuscule cadenas sans clef, des clous à tête dorée, des encriers vides, des boutons décorés, des boutons sans décor (p12), des épingles (p55) un cabochon en verre offert par Rahma (p38), une chaînette de cuivre rongée de vert-de-gris offerte par sa mère (p96).
Le « bijou fabuleux » aux yeux de l'enfant est pour sa mère « un bout de verre qui peut causer une blessure » (p39).

II. Les objets du plaisir et du mystère.

L’enfant découvre le plaisir des sens très tôt grâce à ses objets. L’objet est regardé, contemplé et caressé. Il a une âme et une vertu de talisman. Il est source de jouissance, « Il met les sens en extase » (p13), et avait un goût qu’il ne pouvait goûter de la langue et le pouvoir d’enivrer (p13). L’impuissance à en jouir pleinement est un moment difficile pour lui. « Je sentais toute mon impuissance à en jouir pleinement. Je pleurais… ». Ce moment est pénible quand le sommeil empêche la contemplation, « mes yeux, hélas ! N’avaient plus la force de regarder » ; sinon encore plus cruel quand les objets perdent leur pouvoir magique et deviennent des objets ordinaires, « cette constatation fut cruelle. J’éclatais en sanglots.»
L’enfant, friand de contes découvre aussi que ses objets racontent des histoires. « Un bijou fabuleux provenant à n’en pas douter de quelque palais souterrain où demeurent les puissances de l’invisible. »(p39). « Chaque objet parle son langage » (p13), « c’est un ami » (p13, p249).

III. Les objets et leur métamorphose.

La transformation est de deux ordres. Le savoir-faire et l’imagination. Ainsi, une opération de nettoyage transforme le métal vil en métal noble. « Je savais transformer le cuivre, cette vile matière, en or pur » (p38). L’imagination se charge du reste, l’objet devient fabuleux, chargé de vertus, porteur d’une histoire merveilleuse. Ainsi, « Les plus humbles de mes boutons et de mes clous, par une opération de magie dont j’avais seul le secret, se muèrent en joyaux. » p96.

IV. Les objets et les heures de chagrin.

Les objets qui fascinent l’enfant ont une autre fonction. Ils lui permettent de conjurer tristesse et solitude. « La nuit, la maison tomba dans le silence, je me sentis triste. Je sortis ma boîte » (p54).
La Boîte à Merveilles lui permet de s’évader d’un monde de contraintes et de malheur, le monde réel, celui des adultes : « Pour échapper au bruit des tambours qui bourdonnait encore sous mon crâne, j’ouvris ma Boîte à Merveilles,… » (p150). « Moi, j’avais des trésors cachés dans ma Boîte à Merveilles. J’étais seul à les connaître. Je pouvais m’évader de ce monde de contraintes... » (P71).
L’enfant fait appel dans ses moments de détresse à ses objets « prêts à me porter secours » (p12). Grâce à sa boîte, il se sentira moins seul et moins triste. C’est dans de pareilles circonstances que l’enfant la retire de dessous son lit : « Je me sentis triste et seul. Je ne voulais pas dormir, je ne voulais pas pleurer. Moi aussi, j’avais des amis. Ils sauraient partager ma joie. Je tirai de dessous le lit ma Boîte à Merveilles je l’ouvris religieusement.»(p249).

Fiche de lecture : La boîte à merveilles



 Titre de l’oeuvre
La boîte à merveilles

Date d’écriture et date de parution

Écrit en 1952 et publié en 1954

Auteur et siècle

Ahmed Sefrioui, le 20 ème siècle (1915-2004)

Genre

Roman autobiographique (récit à la première personne, narrateur-personnage distinct de l’auteur)

Narrateur

Sidi Mohammed (enfant), parfois narrateur adulte 

Point de vue ou focalisation
Point de vue interne 

Temps des verbes
-Imparfait et passé simple (les temps du récit) -Le présent : Révèle souvent la présence d’un narrateur adulte 

Registre de langue
Langue courante 

Nombre de chapitres
12 chapitres 

Nombre de saisons
Trois (l’hiver, le printemps, l’été) 

Age du narrateur
Six ans 

Durée du récit
Presque une année 

Personnages principaux
Sidi Mohammed, sa mère Zoubida, son père Abdeslam La voyante, Driss el Aouad, Rahma, Zineb, Fatma Bziouya, Lalla Aicha, le fqih 

Événement perturbateur
La ruine du père qui a perdu son capital dans le souk 

Figures de style
Comparaisons, métaphores, hyperboles…. 

Contenu de la boîte
Des objets ordinaires et hétéroclites 

Symbolisme et fonction de la boîte
La boîte lui permet de s’évader du monde réel. Grâce à sa boîte, il se sentira moins seul et moins triste 

Les thèmes
La famille, la solitude 

Lieux décrits ou fréquentés
Dar Chouafa, le Msid, le bain maure, sa maison, la maison de Lalla Aïcha, la kissaria, les ruelles, la médina, la chambre de Rahma, le souk des bijoutiers, le mausolée, maison du voyant El Arafi 

La ville du récit
La ville de Fès, la vieille ville 

Le prénom du père et son métier
Abdeslam, un tisserand 

Dénouement et situation finale
Le retour du père et la réouverture de la boîte 

Caractéristiques du personnage principal
-La solitude -La capacité d’inventer des mondes fantastiques 

Les déclencheurs du récit
La nuit et le poids de la solitude 

L’ordre de présentation des personnages
-Ceux qui ont participé à nourrir le monde fantastique de l’enfant : Kenza la voyante et Abdallah l’épicier -Ceux qui font partie de son quotidien : Les voisins : Aouad, Rahma, Zineb et Fatma Bziouya Les autres : Les enfants, le fqih, Lalla Aicha 

La description
Souvent dynamique 

Champs lexicaux
La magie, l’impureté, le désespoir, l’horreur… 

Genre de littérature
Littérature marocaine d’expression française 

Relation avec Zineb
Relation conflictuelle. Il a du mépris pour cette fille

La description dans la boîte à merveilles

La narration prend en charge les éléments descriptifs concernant le cadre de l’action. L’enfant explore progressivement ce cadre : la ruelle, le msid, la rue Jiaf et le bain maure.

> La description est dynamique.

**La ruelle (p3) « Il court jusqu’au bout de la ruelle pour voir passer les ânes et revient s’asseoir sur le pas de la maison ».

**La maison (P3) « au rez-de-chaussée….Au premier….Le deuxième étage… ».

Rythme et organisation dans la boîte à merveilles

On peut facilement constater des oppositions symboliques et fondamentales, souvent binaires :
- Clos / ouvert.
- Sombre / éclairé.
- Espace réel /rêvé.
Ceci permet une mise en place de l’ambiance du secret, de l’étrange, et du mystère imprégnant le récit dès son ouverture de l’ambiance des contes merveilleux.

L’ordre de présentation des personnages

Le lecteur découvre tôt les personnages qui vont l’accompagner le long du récit. Ils sont livrés dans un ordre lié à notre découverte des mondes de l’enfant :
> Ceux qui ont participé à nourrir son monde fabuleux, la voisine du rez-de-chaussée, Kenza, une voyante, par ses pratiques magiques et rituelles, Abdallah, l’épicier par ses contes et son père avec ses discours sur le paradis et l’enfer.
> Ceux qui font partie de son quotidien, les voisins du premier Driss El Aouad fabricant de charrues, sa femme Rahma et leur fille Zineb ; la voisine du deuxième étage, Fatma Bziouya. Les autres enfants de son âge au Msid, son maître d’école et Lalla Aïcha, une ancienne voisine.

Le retour en arrière dans la boîte à merveilles

La solitude et la mélancolie incitent le narrateur-adulte à faire un retour en arrière pour chercher les origines de cet état durable et avéré. Ce retour s’effectue grâce aux images de cet album qu’est la mémoire de l’enfant.
« Ma mémoire était une cire fraîche et les événements s’y gravaient en images ineffaçables. Il me reste cet album… » P 6.
Premières images, un enfant seul cherchant vainement à attraper un moineau, à l’écart des enfants de son âge et étranger à leurs jeux.
Le narrateur-enfant prend le relais et présente un enfant troublé par les rituels de la voyante. Démons et sorcières hantent son imagination. Un enfant fasciné par les contes d’Abdallah, l’épicier et les récits de son père sur la mort, le paradis et l’enfer. La séance du bain maure laisse entrevoir cette relation entre le présent et le passé.
« Je crois n’avoir jamais mis les pieds dans un bain maure depuis mon enfance. Une vague appréhension et un sentiment de malaise m’ont toujours empêché d’en franchir la porte. » P9.

Le temps dans la boîte à merveilles

Le temps est vague, imprécis, flou. Premier repère, l’âge du personnage principal : six ans.
L’enfant-narrateur a une conception du temps motivée par l’attente, celle de son père chaque soir et celle de grandir. L’écoulement du temps est saisi dans une logique arithmétique. Matin et soir font une journée, les jours font des mois, les mois des saisons et les saisons l’année.
Une journée ordinaire est marquée par le réveil, le Msid, les jeux, les conversations des voisines, et le retour du père, tard le soir. Les jours de la semaine retracent plus des activités habituelles (lundi, jour de lessive, mardi, journée particulièrement redoutée au Msid.). Un événement exceptionnel comme un retour précipité du père à la maison ou la visite d’un étranger constitueront un repère. Ainsi, l’Achoura, fête qui va bouleverser la vie quotidienne de l’enfant, les différentes visites de Lalla Aïcha, le départ du père vont permettre de construire une suite justifiant un déroulement chronologique. Les indicateurs de temps renforceront cette chronologie par le marquage des saisons : L’hiver : 3 chapitres, le printemps : 4 chapitres et l’été : 5chapitres. On peut alors estimer la durée du récit à trois saisons et avancer que le narrateur enfant approche de ses sept ans à la fin du roman.

L’espace dans la boîte à merveilles

Le déplacement de l’enfant s'associe à la rencontre de « l'aventure » et à la quête de la connaissance. On peut réduire l'itinéraire dans le cas de La Boîte à Merveilles à un schéma simple, deux types de base dominent :
** L’aller / retour
** L’initiation et la conquête
L’enfant revient toujours à son point de départ, la maison, plus exactement la pièce occupée par sa famille. L'espace offre un spectacle, plus qu’il ne sert de décor à l'action, cette dernière n’étant pas privilégiée. Il est soumis au regard du personnage. L’enfant se dresse en spectateur. La relation entre le lieu et son état d'âme est forte. Une correspondance symbolique s'établit entre l’enfant et les lieux décrits.

les déclencheurs du récit dans la boîte à merveilles

La Boîte à merveilles s’ouvre sur une prise de conscience du narrateur d’un état durable d’insomnie et de solitude : « …moi, je ne dors pas. Je songe à ma solitude et j’en sens tout le poids » et se transforme en quête de vérité.
* La nuit et le poids de la solitude déclenchent le récit. Le narrateur-adulte se penche sur son passé à la recherche de réponses possibles : « Ma solitude ne date pas d’hier….P3. » ou à la recherche de réconfort : « pour égayer ma solitude, pour me prouver à moi même que je ne suis pas mort. P6. ».
* La quête se fondera sur la mémoire fabuleuse de l’enfant de six ans : « Cire fraîche...les moindres événements s’y gravaient en images ineffaçables…cet album…P6. ».
Les outils de l’enquêteur sont donc les images d’un album. Portraits et paysages se succéderont au fur et à mesure qu’il en tournera les pages.
* L’abondance de l’imparfait est justifiée par la dominance du descriptif. La nostalgie orne le récit de couleurs, de parfums et de tendresse. La perception de l’enfant l’entraîne dans le monde du merveilleux et de la magie.